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En 1884, a une époque où beaucoup d’ouvriers et d’ouvrières travaillent plus de quatorze heures par jour, une convention des syndicats américains décide d’imposer à partir du 1er mai 1886, deux ans après, le fait que nul ouvrier ne travaille plus de huit heures par jour. Cette date se veut le point de départ, soit de l’obtention des huit heures, soit de la grève dans les entreprises qui la refusent. Pendant la préparation, sont organisés de multiples manifestations, meetings en plein air. Quelques métiers isolés obtiennent satisfaction. Le 25 avril 1886 – le dimanche précédent – se déroule une immense démonstration.
Le 1er mai, 5000 grèves éclatent dans tous les États-Unis, 340 000 grévistes environ. Maurice Dommanget dans son livre “histoire du 1er mai” estime que 125 000 ouvriers obtiennent les 8 heures le 1er mai, 200 000 de plus dans le mois qui suit, et que la durée journalière de travail diminue pour des millions.
Le mouvement est sévèrement réprimé, à Milwaukee la police tire et tue 9 grévistes.
A Chicago la violence va prendre une autre dimension. Cette grande ville industrielle est le fief des anarchistes, qui après avoir boudé cette action pour les 8 heures, ont fini par la rejoindre. Les travailleurs sont massivement en grève le 1er Mai. Les jours suivants, il reste encore 40.000 grévistes et de nombreux travailleurs sont lock-outés. Comme à l’usine de machines agricoles Mc Cormick qui a mis à la rue 1200 ouvriers partiellement remplacés par des jaunes. En plus, le patron utilise les détectives armés de l’agence privée Pinkerton, qui multiplient les provocations, avec la complaisance policière et l’impunité judiciaire. Le 3 mai, 7000 grévistes présents à la sortie de l’usine pour conspuer les jaunes accueillent la police à coups de pierres. La fusillade des Pinkerton et des policiers fait six morts et une cinquantaine de blessés.
Le lendemain, le 4 mai, les anarchistes convoquent un meeting de protestation, place du marché au foin (Haymarket). Le quotidien anarchiste en langue allemande titre “Travailleurs, Armez-vous et apparaissez en pleine force” avant de décider que la manifestation devait être pacifique.
Les prises de parole se tiennent dans le calme, et lorsque la foule se prépare à se retirer, elle est dispersée violemment par les policiers, dans les rangs desquels une bombe est lancée, en couchant par terre une soixantaine. Deux sont tués et six mourront de leurs blessures. C’est le signal d’une fusillade plus terrible que celle de la veille. Les policiers ouvrent un feu nourri sur la foule encore présente, Chicago est mis en état de siège et l’équipe du journal anarchiste est arrêtée. Trois mois après les huit accusés sont condamnés à la pendaison. Trois seront graciés, et un se suicide en prison. La pendaison en 1887 des quatre autres a un retentissement international. Ils seront réhabilités en 1893.
Un an après ces événements, en 1888, un congrès syndical français propose pour l’obtention de la journée de huit heures d’organiser une manifestation le 24 février 1889, jour anniversaire de la révolution de 1848. Cette manifestation a un énorme succès et un grand retentissement dans la presse socialiste et ouvrière.
C’est alors qu’est avancé l’idée d’organiser une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays le même jour, les travailleurs mettent en demeure les pouvoirs publics de réduire légalement à huit heures la journée de travail. Elle est adoptée pour le 1er mai 1890 par le Congrès international ouvrier de Paris de 1889, congrès qui repousse l’amendement d’un délégué français pour adjoindre la grève générale à la manifestation.
C’est l’année suivante en 1891 lors du Congrès ouvrier socialiste international de Bruxelles que périodicité a été définitivement établie par la résolution suivante :
Afin de conserver au Premier Mai son véritable caractère économique de revendication de la journée de huit heures et d’affirmation de la lutte des classes,
Décide :
Qu’il y a lieu d’avoir une démonstration unique pour les travailleurs de tous les pays,
Que cette démonstration aura lieu le 1er mai ;
Et recommande le chômage partout où cela n’est pas impossible.
Bonne manifestation !
