Altermondialisme, vision onirique, Terre lumineuse entourée d'une foule cosmopolite.

Un autre regard sur : le mouvement altermondialiste

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L’altermondialisme est un mouvement qui a prolongé et renouvelé les mouvements historiques précédents de solidarité internationale.

Il commence à partir de 1977, alors que l’impérialisme dominant cherche à ajuster chaque économie au marché mondial, pour remettre au pas par la méthode de la dette, des Plans d’ajustement structurel les pays du sud qui s’étaient émancipés lors de la décolonisation. Les soulèvements populaires en Afrique, en Amérique latine ou en Eurasie contre ces mesures, entraînant des milliers de morts, mettent en cause nommément le FMI et la Banque mondiale.

L’implosion de l’espace soviétique à partir de 1989 ouvre une période de revanche sociale et d’arrogance néolibérale. Le « consensus de Washington » impose les politiques néolibérales à l’ensemble du monde. Avec la première guerre d’Irak de 1990, les vainqueurs montrent qu’ils n’accepteront aucun compromis dans la reprise en main des pays du Sud.

C’est à partir de ce moment que le mouvement altermondialiste organise la contestation des institutions internationales qui organisent la « mondialisation libérale », le – G-7 devenu G8 en 1997, le FMI, la Banque mondiale et l’OMC, à partir 1995 .

En 1988, de fortes mobilisations contestent l’assemblée du FMI et de la Banque Mondiale à Berlin.

En 1989, face au Sommet du G7 et à l’instrumentalisation du bicentenaire de la Révolution française, l’appel « Dette, apartheid, colonies, ça suffat comme ci ! » organise, à l’arrivée d’une manifestation syndicale et citoyenne, un concert géant à la Bastille et le premier Sommet des sept peuples parmi les plus pauvres ». Le mouvement opère la jonction des luttes du Sud contre l’ajustement structurel et la dette, avec les luttes sociales dans le Nord.

À partir de 1996, le G7 est pris à partie systématiquement.

A Lyon en 1996, a Birmingham en 1998, où plus de 70.000 personnes participent à une chaîne humaine et entourent le Sommet, à Cologne en 1999 où 30.000 militants sont rejoints par une « caravane » de paysans indiens du sud de l’Inde, à Londres aussi en 1999 où 10.000 militant·es envahissent la « City » avec l’objectif de paralyser les marchés financiers.

Mais surtout c’est l’année ou Seattle accueille la Conférence de l’Organisation mondiale du commerce. Les manifestations perturbent la réunion, unifiant les syndicalistes inquiets des conséquences sociales de l’ouverture des marchés, et les militant·es écologistes protestant contre les effets pour l’environnement des traités de libre commerce.

Toutes ces manifestations mobilisent des centaines de milliers de jeunes, dans leur grande majorité non membres de partis politiques ni même d’organisations à caractère national. Pour les manifestations, iels mettent au point des méthodes d’action basées sur l’action radicale non violente, avec comme structure de base le « groupe affinitaire », qui permet à chacun·e de participer à l’action collective en gardant son identité et ses références.

Après Seattle en 1999 et jusqu’à 2008, le mouvement se caractérise par le processus des forums sociaux mondiaux autour du slogan « Un autre monde est possible » qui exprimait que l’opposition à la mondialisation néolibérale ne voulait en rien dire repli sur les cadres nationaux et étatiques. Ces Forums ont ébauché une démarche stratégique en soulignant la nécessaire résistance et en mettant en avant la recherche d’alternatives et de ruptures.

Deux victoires importantes ont été obtenues par ce mouvement.

L’une est d’avoir brisé le consensus autour des institutions internationales sous la férule desquelles les peuples étaient enrégimentés.

La seconde victoire a été de créer des lieux où les peuples ont pris la parole, où les citoyens engagés ont pu confronter leurs analyses et leurs expériences, mettant l’accent sur la richesse de la diversité, le refus de toute hiérarchie, aucun des thèmes ou des acteurs ne pouvant s’imposer face aux autres, tous devant accepter l’horizontalité du fonctionnement en réseau.

L’autre apport de l’altermondialisme a été sa capacité à s’adapter aux nouveaux contextes. Il a été décisif en 2003 dans l’organisation de mobilisation de plusieurs millions de personnes dans 600 villes dans le monde entier contre la guerre en Irak, puis dans l’émergence du mouvement pour la justice climatique qui s’est mobilisé dans les décennies suivantes.