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Le 8 mars est désormais la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, mais d’où vient cette date ?
Dès le milieu du 19ème siècle des groupes critiquant la domination masculine et soutenant l’émancipation des femmes se créent, militent pour l’égalité des droits, dont le droit de vote, des congrès internationaux de ces mouvements féministes se réunissent à partir de 1878.
De leur côté, les socialistes organisent des conférences internationales des femmes socialistes, à l’initiative des allemandes, la plus active étant Clara Zetkin, qui animait une structure socialiste féminine clandestine, puisque les femmes n’avaient pas le droit d’adhérer à un parti politique, autour du journal « féministe » l’Égalité.
Si le Parti socialiste d’Amérique avait appelé le 28 février 1909 à une première Journée nationale de la femme, célébrée ensuite jusqu’en 1913 le dernier dimanche de février, c’est au cours de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes qui réunit une centaine de femmes venant de 17 pays différents, qu’est avancée l’idée d’une journée internationale des femmes, comme moyen d’agitation pour obtenir le droit de vote, car le point central de la conférence était la discussion sur cette question, avec deux objectifs. Convaincre tous les partis socialistes de s’engager dans cette bataille. Refuser l’alliance avec les suffragettes caractérisées de bourgeoises qui acceptaient que le droit de vote soit dans un premier temps restreint aux femmes ayant une forme de propriété, ce qui excluait les ouvrières.
L’idée d’une Journée des femmes pour le suffrage universel, sans distinction de sexe et sans condition, en collaboration avec les organisations politiques et syndicales est donc l’initiative du mouvement socialiste pour contrecarrer l’influence des groupes féministes sur les femmes du peuple.
Mais le Congrès ne donna pas de date, la première Journée est célébrée le 19 mars 1911, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, plus d’un million de personnes participe aux rassemblements. Le 25 mars 1911, un incendie pendant une grève des couturières dans un atelier textile de New York tue 140 ouvrières, dont une majorité d’immigrantes italiennes et juives d’Europe de l’Est, enfermées à l’intérieur de l’usine. Cette tragédie est commémorée par la suite lors des Journées internationales des femmes qui font le lien entre lutte des femmes et mouvement ouvrier. De 1911 à 1915, des « journées internationales de la femme » ou « des ouvrières » sont célébrées dans plusieurs pays, notamment en Allemagne, en Autriche, en France et en Russie.
En Russie elle est célébrée en 1913 et en 1914. Et c’est le 23 février 1917 (8 mars dans notre calendrier) que la grève des femmes ouvrières de St Petersbourg et leur manifestation déclenche la révolution de février qui chasse le Tsar. Le nouveau pouvoir soviétique issu de la révolution d’Octobre, qui met en place le droit de vote universel, instaurera à partir de 1921 le 8 Mars comme journée des femmes. Après 1945, elle est officiellement célébrée dans tous les pays socialistes mais, elle s’y apparente plutôt à la fête des mères.
L’ONU crée en 1977 une symbolique journée internationale des femmes le 8 mars.
Le Mouvement féministe en France, qui avait appelé dès juin 1974 à une grève des femmes pour protester contre le travail domestique non reconnu, obligatoire et non payé s’empare de cette date, pour demander qu’elle soit reconnue comme jour férié, chômé et rémunéré. Le Mouvement de Libération des Femmes engage une démarche auprès de Mitterrand après son élection en mai 1981 pour que soit reconnue cette journée, elle sera officialisée par le gouvernement socialiste quelques mois plus tard, le 8 mars 1982.
Au delà des commémorations officielles symboliques mais sans effet, elle est l’occasion d’une mobilisation des mouvements féministes pour les droits des femmes et désormais des minorités de genre, dans laquelle l’idée d’une grève du travail salarié, des tâches domestiques, de la consommation à cette occasion gagne du terrain.
Comme le dit l’appel au 8 Mars prochain,
Parce que seules nos voix, nos cris, nos actions visibles pourront faire bouger la société et le pouvoir pour enfin obtenir l’égalité.