Un autre regard : Comment Hitler est arrivé au pouvoir

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Lorsque Hitler est nommé chancelier le 30 janvier 1933, cela fait plus de dix ans qu’il s’y prépare, en quelques mois la dictature fasciste est instaurée.

En effet, le parti nazi existe depuis 1920, un parmi les autres partis nationalistes.

En 1923, c’est l’année terrible, avec l’occupation française de la Ruhr, l’inflation galopante, et l’échec de la révolution socialiste en octobre.

Le 8 novembre, Hitler tente un putsch contre le gouvernement de Bavière, qui échoue. Il est jugé, condamné à 5 ans de prison, il y restera en réalité 9 mois durant lesquels il écrit Mein Kampf.

Il en tire des leçons qu’il appliquera jusqu’en 1933 : il faut respecter les formes légales pour prendre le pouvoir, avoir l’appui des forces bourgeoises, tout en s’imposant par les brutalités, les crimes des SA, Sections d’Assaut, et montrant sa force par des rassemblements spectacles.

Le parti grossit régulièrement, de 25 000 membres en 1925, il atteint 1,5 million de membres dont 350 000 SA en 1932. Ses résultats électoraux oscillent entre 3 et 7 % jusqu’en 1930, année où une énorme poussée leur donne 18 %.

A partir de ce moment, les nazis entretiennent un climat de guerre civile, des batailles de rue contre les communistes, qui font des centaines de morts. Il montre sa puissance contre le socialisme et le communisme et convaint les bourgeois d’en appeler à lui pour faire cesser l’insécurité, alors qu’il y a plus de 9 millions de chômeurs. Il commence à engranger des soutiens notables dans le grand patronat.

Les élections de juillet 1932 sont un triomphe pour le parti nazi qui double son score, il atteint 37,4 %, même s’il est tempéré par une perte de 2 millions de voix 4 mois plus tard, en novembre 1932, mais il est encore à 33 %. A ces dernières élections libres, le Parti Socialiste a 20 %, le parti communiste en progression a 17 %, à eux deux plus que les nazis.

Hitler refuse d’être Chancelier jusqu’à ce que se formalise un accord avec les autres partis nationalistes qui pèsent environ 10 %. C’est alors qu’il est nommé Chancelier le 30 janvier 1933 avec deux ministres nazis, Frick à l’intérieur et Goering sans portefeuille, tous les autres étant des nationalistes.

La première décision est de dissoudre a nouveau le parlement pour organiser des élections a sa façon qui sont prévues le 5 mars 1933.

En attendant, il prend le contrôle total de la police, instrument essentiel du pouvoir, les chefs sociaux démocrates sont remplacés par des nazis confirmés et les SA servent de police auxiliaire. Les provocations contre les communistes se multiplient.

L’incendie du Reichstag le 27 février va accélérer les choses, le lendemain, toutes les libertés sont abolies, de parole, de presse, de réunion, d’organisation, inviolabilité du domicile, du courrier et des communications téléphoniques.

Les élections se déroulent dans un climat de terreur, les nazis regorgent d’argent, ont le monopole de la radio. Les communistes sont hors jeu, la presse des socialistes et du centre est régulièrement saisie, les réunions dispersées, les militants rossés. Les nazis obtiennent 43,9 % des voix, et ont encore besoin des autres nationalistes ( les socialistes n’ont rien perdu, ils ont toujours 18 %, les communistes ont encore 12%).

Les communistes sont envoyés dans les camps de concentration, pour ceux qui sont restés dans le pays . Seuls 94 députés socialistes refusent de voter les pleins pouvoirs à Hitler.

Le 1er avril un boycott des magasins juifs est organisé.

Le 1er mai les syndicats acceptent de participer au défilé à la gloire du travail et du renouveau allemand. Le lendemain 58 dirigeants syndicaux sont arrêtés, les syndicats dissous, et le parti nazi confisque tous leurs biens, les banques ouvrières, et les maisons du peuple.

Le 11 mai, 25 000 ouvrages « non allemands » sont brûlés par les étudiants devant l’Université de Berlin.
Tous les partis, même le centre et les nationaux sont rapidement éliminés dans les semaines qui suivent, et tous leurs biens confisqués.

Après les élections avec liste unique de novembre 1933, auxquelles les nazis recueillent 92 %, Hitler a en main tous les leviers du pouvoir. Sept mois après, au cours de la « nuit des longs couteaux » il fait assassiner tous ses adversaires, notamment  au sein de la SA : il n’a plus besoin d’eux.

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