Un autre regard sur : la défaite de la deuxième révolution chinoise en 1927

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Dans les années 1920, la société chinoise vit une crise structurelle. Le régime républicain issu de la révolution de 1911 qui a brisé le système dynastique est incapable d’unifier le pays colonisé par les puissances impérialistes et en butte aux seigneurs de la guerre qui contrôlent en partie le centre et le nord du pays. Dans ce vaste territoire paysan, l’industrialisation fait croître très rapidement la classe ouvrière dans certaines zones.

Une vague de luttes populaires et nationales, pour la justice sociale, pour la réunification du pays et son indépendance secoue toute la chine. Le Parti Communiste y joue un rôle important, et notamment dirige les syndicats en essor rapide.
Cela dans un contexte où la jeune Union Soviétique entretient des relations amicales avec le Kuomintang qui dirige la République, comme organisation anti impérialiste ,l’internationale communiste contraint même les militants communistes à y adhérer.

En 1925 un immense mouvement de protestation commence à Shanghai à la suite d’un massacre de la police anglaise contre des manifestants. Une grève générale paralyse le commerce, puis s’étend à Canton et Hong Kong en réponse à la répression des forces franco-anglaises. Elle va durer 15 mois !

Le comité central de grève animé par le Parti Communiste dirige la région, fait converger la lutte urbaine et les luttes rurales, organise les piquets armés. La bourgeoisie chinoise, commerçante, industrielle et bancaire s’en inquiète, même si ces succès permettent à l’armée du Kuomintang de chasser les autorités fantoches. Le gouvernement arrête la grève en renvoyant aux calendes les promesses de réforme agraire, et mettant une sourdine aux revendications ouvrières parce qu’il faut « d’abord chasser les impérialistes et unifier le pays ». Il va alors se lancer dans la préparation d’une campagne militaire contre les seigneurs de la guerre du Nord liés aux impérialismes, tout en réprimant les dirigeants ouvriers communistes.

L’épreuve de force au sein du mouvement national entre la direction bourgeoise du

Kuomintang et les communistes est engagée.

En mars 1927, à Shanghai une insurrection donne le contrôle de la ville aux communistes qui ouvrent la ville à l’armée du Kuomintang. Celle-ci, avec la pègre locale, les occidentaux et le patronat local tuent des milliers de militants ouvriers. En même temps le kuomintang purge les communistes de ses rangs.

En mai, la même chose se produit à Wuhan, où le gouvernement réprime le mouvement ouvrier et paysan, des gouverneurs locaux organisent des véritables massacres. Une insurrection paysanne dans le Hunan avec Mao Zedong est obligée de se replier dans les montagnes, rejointe par les éléments communistes de l’armée.

Des milliers, certains chiffres avancent 25 000, communistes et responsables ouvriers et paysans sont exécutés dans tout le pays lors de cette vague contre-révolutionnaire de la première moitié de 1927.

C’est pourtant à ce moment que l’Internationale stalinienne donne aux communistes chinois l’ordre de se soulever pour réaliser la perspective de la « dictature démocratique des ouvriers et des paysans »

Toutes les révoltes à la campagne échouent.

En décembre, le parti communiste organise une insurrection à Canton. Les insurgés se rendent maîtres d’une partie de la ville, libèrent plus d’un millier de prisonniers politiques. La Commune est proclamée, un soviet provisoire diffuse un programme révolutionnaire. Mais ces perspectives qui quelques mois plus tôt auraient pu mobiliser des centaines de milliers de prolétaires, tombent à plat car le mouvement avait déjà été brisé. Au troisième jour, les troupes du Kuomintang écrasent l’insurrection, déchaînent une atroce répression, on estime que 5700 prolétaires sont fusillés, brûlés vifs, décapités.

En cette année 1927, la montée du mouvement révolutionnaire a effrayé la bourgeoisie chinoise qui a fait bloc avec les forces réactionnaires et impérialistes pour écraser le mouvement communiste.

Toute une période révolutionnaire se termine. La portée de cette défaite est considérable, et va avoir une grande importance pour la suite.