Le dictateur Salazar sur fond noir

Un autre regard : Le fascisme de l’État Nouveau portugais

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Par un coup d’état, les militaires prennent le pouvoir au Portugal le 28 mai 1926. La bourgeoisie portugaise voulait mettre fin à l’instabilité politique qui existait depuis l’instauration de la République en 1910.

Dans ce pays rural, la bourgeoisie républicaine est faible face à un mouvement ouvrier très actif, avec un Parti socialiste ancien, un parti communiste issu de cette histoire et de militants provenant du syndicat CGT de 120 000 membres, dans lequel les anarchistes jouent un rôle important.

Entre 1910 et 1926, pas moins de 8 présidents, 44 gouvernements, 24 coups d’état et révoltes, et surtout 158 grèves générales, en moyenne dix par an !

Les militaires mettent en place une « dictature nationale » dans laquelle le général Salazar va petit à petit devenir le dirigeant central. En 1926, il n’est que ministre des finances, pour arriver au poste de chef du gouvernement en 1932, puis obtient tous les pouvoirs en 1933.

Salazar est un fasciste « catholique et provincial » .

Il va avoir l’habileté d’arriver à équilibrer politiquement les intérêts des nombreuses fractions de la bourgeoisie, tout en instaurant progressivement une dictature de plus en plus sévère.

Dès 1930 est instauré le régime de parti unique, l’Union Nationale.

Le pouvoir met en place une surveillance tatillonne, une censure étroite de la presse, interdit toutes les réunions à caractère confessionnel ou politique. Ces mesures empêchent les oppositions divisées de combattre efficacement le régime, même si l’opposition ne désarme pas immédiatement. Les organisations de gauche, les partis socialiste et communiste, la CGT sont les principales victimes de la répression, rapidement réduites à la portion congrue. Les échecs s’accumulent.

C’est en fait vraiment à partir de 1933 qu’une dictature de type fasciste s’installe, par la création de «L’État Nouveau», qui va durer jusqu’à la révolution des œillets de 1974, le plus long régime autoritaire du 20° siècle en Europe.

Salazar a pris en main et réorganisé l’appareil d’état avant de créer cet État Nouveau qui se veut national, catholique, corporatiste, mais qui a en réalité un fonctionnement proche du régime fasciste italien.

Des organisations fascistes ou paramilitaires sont créées, la Légion portugaise et la Jeunesse portugaise, strictement liées au pouvoir en place, qui ne veut pas d’organisations liées au fascisme italien ou au nazisme.

Une police politique est instaurée, la tristement célèbre PIDE (police interne et de défense de l’état) avec un réseau de milliers d’ informateurs.

La constitution déclare illégales les grèves, met en place une pyramide d’organisations corporatistes comme base de l’état : syndicats fascisés, organisations patronales, les ordres auxquels l’appartenance est obligatoire avec des dirigeants non élus.

C’est une dictature féroce, avec des contraintes semi féodales, avec un système de surveillance et d’oppression impressionnant qui envoie en exil ou en prison tous les mécontents. 

En janvier 1934 les ouvriers de toutes les forces politiques et syndicales déclenchent une grève générale insurrectionnelle pour s’opposer à la création des nouveaux syndicats corporatistes. À Coimbra, plusieurs bombes neutralisent la centrale électrique. Dans le Sud du pays, les ouvriers occupent les sièges des syndicats fermés par le régime.

Dans la ville de Marinha Grande, centre industriel du verre, les ouvriers prennent la caserne de la Garde Nationale et le bâtiment de la Poste, et coupent les lignes ferroviaires, isolant la cité, et organisent des conseils.

Le régime parvient à reprendre le contrôle de la situation et une féroce répression s’organise. L’insurrection est réprimée par l’armée, qui réduit les centres de résistance par l’artillerie. Des centaines de militants sont arrêtés, des dizaines envoyés dans les camps de concentration des colonies. Cette répression décapite à nouveau le PCP , le courant anarchiste ne s’en remettra pas.

La dictature catholique de Salazar, fascisme catholique corporatiste a été instaurée elle aussi par des élections et référendums tout au long du processus.

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