Podcast: Play in new window | Download
Le 28 mars 1939 les troupes franquistes victorieuses entrent dans Madrid à l’issue d’une guerre civile de trois ans. La féroce dictature franquiste s’installe pour 36 ans.
La République a été écrasée, elle qui avait mis fin en 1931 à une dictature militaire précédente, instaurée elle aussi en 1923 par un coup d’état, celle de Primo de Rivera.
Dans ce pays rural, la bourgeoisie est faible, elle s’appuie sur les secteurs aristocratiques, royalistes, et sur une église très conservatrice. Les organisations ouvrières les plus puissantes sont anarchistes et socialistes.
Dès l’instauration de cette République en 1931, les réactionnaires avaient fait feu de tout bois contre elle. Primo de Rivera, le fils de l’ancien dictateur, fonde la phalange espagnole, une organisation très inspirée du fascisme italien. Elle se construit dans les combats de rue contre les militants de gauche et d’extrême gauche.
Lorsque la droite réactionnaire emporte les élections de 1933, elle accumule les provocations. Les grèves se multiplient, elles sont violemment réprimées.
En 1934, une révolte dans tout l’état espagnol prend une ampleur particulière dans les Asturies, ou existait une alliance totale, socialistes, anarchistes, trotskystes, et même communistes. Les mineurs contrôlent la région, confisquent les usines, donnent la terre aux paysans. Une armée de 40 000 hommes commandée par Franco, composée principalement de la Légion étrangère et des troupes du Maroc, réprime la révolte, bat l’armée des mineurs. La répression fait 3 000 morts, 7 000 blessés et 30 000 arrestations. Sur la base de cette victoire, l’agitation nationaliste redouble.
C’est dans ce contexte explosif que les élections de février 1936 donnent une victoire aux listes du Front populaire qui obtiennent 47 % des voix, l’union de toutes les organisations de gauche et d’extrême gauche, à l’exception des anarchistes qui cependant dérogent à leurs habitudes en ne donnant pas de consigne d’abstention. La majorité est très nette à l’assemblée. Si la droite réactionnaire a de bons résultats, la phalange recueille 0,7%.
Le gouvernement est composé des organisations les plus modérées du Front populaire, ni le PSOE, ni les organisations les plus à gauche n’en sont membres. Il amnistie les condamnés de 1934, adopte le statut de la Catalogne et une timide réforme agraire.
Les grèves et les mouvements sociaux se développent, les paysans et les ouvriers veulent que leur victoire se traduise dans leur vie quotidienne. Les violences de rue des organisations fascistes et royalistes redoublent, a tel point que la Phalange est mise hors la loi.
C’est d’ailleurs que va venir l’offensive contre la République, la Phalange n’est pas assez forte. Pour l’oligarchie, les monarchistes, les élections ont déclenché une crise révolutionnaire et le gouvernement républicain n’en viendra pas à bout, il veulent écraser le danger bolchevique en ayant recours à l’armée.
Une conjuration militaire organise un coup d’état le 17 juillet 1936. Il réussit au Maroc, en Navarre, en Aragon, et dans quelques villes, le plus souvent avec le soutien des phalangistes. Mais c’est un échec relatif, il faudra trois ans de guerre civile pour écraser les républicains, en s’appuyant sur les troupes marocaines, les groupes fascistes espagnols, avec l’appui de 40 à 50 000 soldats italiens envoyés par Mussolini et la légion Condor de l’Allemagne nazie.
La répétition générale qui s’est jouée sur les champs de bataille espagnols s’arrête au moment où se prépare la guerre mondiale.
Les fascistes vont massacrer des centaines de milliers de militant.es ayant soutenu le Front Populaire, durant toute la guerre et jusqu’au milieu des années 1940, et près de 300 000 sont en prison ou dans des camps de concentration en 1939.
La phalange, dont les effectifs ont gonflé tout au long de la guerre, est intégrée par le régime franquiste dans le parti unique.
La guerre civile, la contre révolution ont détruit pour des années tout mouvement politique de gauche, tous les syndicats, toute expression démocratique.
.