Faire honneur à la mémoire des résistant.es et résistants de la FTP MOI(1), c’est bien autre chose que de se féliciter de leur entrée au Panthéon aux côtés des généraux napoléoniens.
En effet, la dernière manœuvre politique de Macron pour se donner un vernis de gauche au moment où il met en place la politique de l’extrême droite, cette semaine encore avec le projet d’abandon du droit du sol, en utilisant la grandeur de ces militant.es qui luttaient les armes à la main contre le fascisme, pour l’émancipation, pour le socialisme, est tout simplement indigne.
Ces étrangers n’auraient pu rejoindre la France si Frontex avait existé. Leur appartenance aux « groupes de langues » de la MOI organisés par le PC dans les années 20 et 30 qui publiaient des journaux dans leurs langues, organisaient par nationalités des écoles, des mouvements de jeunes, des théâtres, des chorales, des associations sportives serait aujourd’hui taxée de séparatisme. Et malgré leur choix politique de refuser les attentats visant des civils, que dirait-on de leurs attentats contre les nazis, les collaborateurs ?
Pour nous les honorer c’est comprendre la profondeur des convictions qui guidaient leurs actions en France comme dans leur participation aux brigades internationales lors de la guerre d’Espagne.
Dès le début de la guerre, alors que le PC n’organise rien contre les allemands en raison du pacte Hitler-Staline de dépeçage de la Pologne, la conscience politique conduit ces jeunes, femmes et hommes chassé.es de leurs pays par la misère, l’antisémitisme et le fascisme, à un engagement total. Ils et elles mettent en place des structures clandestines d’assistance, mais aussi de combat. Lorsque le PC entame la résistance armée après l’invasion de l’URSS en 1941, les groupes de la MOI assurent les premiers coups de main, et sont dans les premiers réseaux des FTP constitués en 1942, les FTP MOI. Plus aguerris par la clandestinité, plus déterminés comme internationalistes, ils résistent mieux aux premières vagues d’arrestations a tel point qu’en 1943, lorsque Manouchian prend la direction du groupe , celui-ci
est un des rares à pouvoir agir dans Paris. Ils réalisent des dizaines d’opérations, dont l’exécution la plus spectaculaire est celle de Julius Ritter, le responsable en France du Service du Travail Obligatoire.
En 1943, au moment où se négocie l’après guerre, le PC devenu PCF envoie ces groupes dans des actions spectaculaires destinées à manifester l’activité des «patriotes » mais veut que rien ne puisse ternir son image tricolore. Cela conduira dans les années qui ont suivi la Libération tant la mémoire gaulliste, que la mémoire communiste officielle à occulter l’action de ces milliers d’étrangers.
Oui nous honorons tous ces combattants et combattants, et particulièrement Manouchian, celui qui, quelques mois avant le titre de l’Humanité « A chacun son boche » a été capable d’écrire dans sa dernière lettre « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple
allemand et contre qui que ce soit…. Bonheur à tous »
Patrick Le Moal
1. Main d’œuvre Immigrée, les groupes les plus importants étaient ceux des italiens
et des juifs