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Contre le nazisme, la résistance n’a jamais cessé, y compris dans les camps de concentration et d’extermination. Aujourd’hui je vous propose de prendre un instant pour la résistance dans le camp d’Auschwitz et le rôle qu’y a joué Roza Robota.
Cette jeune juive polonaise a été déportée en novembre 1942. Toute sa famille est gazée dès l’arrivée du train. Elle, est affectée a un commando de femmes adjacent à un des fours crématoires.
Elle a une expérience militante, elle a été à 12 ans membre de la Jeune Garde, un mouvement de jeunesse sioniste-socialiste important en Pologne. Elle rejoint rapidement un groupe de résistance composé de prisonniers politiques, des radicaux, des socialistes, qui cherche à diffuser les informations reçues sur des postes clandestins.
L’organisation clandestine du camp a le projet de faire sauter les chambres à gaz et les fours crématoires, et de provoquer une révolte et une fuite des déportés, avec l’aide des partisans polonais à l’extérieur.
En 1943, Roza Robota est chargée de collecter de quoi fabriquer des explosifs.
Elle se lie avec une autre déportée juive polonaise, Ala Gertner, affectée au bureau de l’usine de munitions voisine du camp, dans laquelle travaillent des déportées. Elles recrutent une vingtaine de femmes qui travaillent dans l’usine.
Ces femmes volent de la poudre noire pendant plusieurs mois. Elles la transportent en très petites quantités, sous les ongles, ou dans des pochettes dissimulées sous les robes. Ce groupe de femmes réussit à voler, cacher, et remettre à l’organisation clandestine une à trois cuillères à café de poudre par jour ! Un prisonnier russe expert en explosifs, confectionne avec la poudre des mines explosives et des grenades à main.
Pendant ce temps, une autre révolte a lieu en mai 1944 dans le camp des familles tziganes d’Auschwitz. Quand ils et elles apprennent que les SS planifient la liquidation de leur camp, plus de 600 tziganes ne se présentent pas à l’appel matinal. Ils réussissent à subtiliser pioches, pelles, se barricadent dans les dortoirs, se fabriquent des armes de fortunes et s’attaquent courageusement aux nazis. La révolte est si vigoureuse, que les nazis sont contraints de changer leurs plans. Ils séparent les détenus. Quelques jours plus tard, environ 1 500 prisonniers sont sélectionnés et transférés dans d’autres camps. Les 2 897 femmes, hommes et enfants restants sont tué.es dans les chambres à gaz le 2 août 1944 à partir de 19h00, on appellera cette nuit ultérieurement la nuits des Tziganes. Les derniers résistants tziganes parvenus à se cacher dans le camp sont tués ou abattus par les SS le lendemain, le 3 août 1944.
L’autre révolte, celle à laquelle participe Roza Robota, qui est planifiée par l’organisation clandestine du camp, devait être déclenchée par les centaines de détenus qui manipulent les cadavres après le gazage. Elle est finalement déclenchée plus tôt que prévu par ces prisonniers qui craignent d’être liquidés. 250 d’entre eux réussissent à détruire partiellement un des crématoires, coupent les barbelés et s’échappent dans la foret. Au cours des combats, ils tuent 70 SS et kapos, les gardiens à la solde des SS. La plupart des évadés sont rattrapés et liquidés : peu ont survécu.
Les instigateurs, ainsi que Roza Robota et Ala Gertner et deux autres femmes sont arrêtées et torturées, sans jamais révéler les noms des autres participantes et participants.
Devant l’avancée de l’armée soviétique, un mois après la révolte, en novembre 1944, les trois crématoires restant en activité sont dynamités par les nazis.
Les quatre femmes sont pendues en public, trois mois après, le 6 janvier 1945, sur la place d’armes, seulement trois semaines avant la libération du camp.
Honorons leur mémoire !
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