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Lorsque Mussolini est nommé Président du Conseil par le Roi en octobre 1922, le fascisme italien organisé est récent.
Créés trois ans auparavant face aux poussées révolutionnaires de 1919-1920, les chemises noires des faisceaux de combats, attaquent les organisations ouvrières et paysannes, les bourses du travail, brisent les grèves, bastonnent et assassinent leurs adversaires. Ce sont les garants de l’ordre bourgeois.
Mussolini a pour objectif de parvenir au pouvoir légalement, c’est pourquoi en 1921, il transforme son mouvement en parti politique, le Parti National Fasciste, en organisant en même temps les attaques des chemises noires. Le parti créé devient partisan du libéralisme, abandonne les envolées anticapitalistes du début, les nationalisations, les revendications fiscales qui maintenant qualifiées de « gauchistes », adopte un programme favorable aux grands intérêts financiers dont Mussolini cherche l’appui.
Ce n’est pas une force majoritaire électoralement, aux élections de mai 1921, ils ont 34 élus, dont Mussolini, sur les listes des « blocs nationaux » qui ont recueilli 20 %, moins que le parti socialiste avec ses 25 %.
C’est pourtant Mussolini qui est appelé à gouverner, soutenu par la grande bourgeoisie, les banquiers, les industriels et les propriétaires agricoles, qui veulent parachever la destruction des organisations populaires.
Bon nombre d’antifascistes ne mesurent pas la gravité de la situation, et pensent que ce gouvernement ne tiendra pas plus de deux mois !
Pourtant, la dictature fasciste est instaurée par étapes successives en 3 à 4 ans.
Mussolini commence par mettre en place un Cabinet d’union nationale, validé par un vote de confiance par 306 voix (fascistes, nationaux, libéraux, démocrates chrétiens et socialistes indépendants) contre 116, puis obtenant les pleins pouvoirs, il devient un dictateur légal.
Dans un premier temps, les 18 premiers mois, il affermit sa main mise sur l’État, en respectant formellement les institutions.
Il crée quand même le « Grand conseil fasciste », qui rassemble le gouvernement et la direction du parti, qui prend les décisions politiques, dispose d’une Milice légale, écarte tous les fonctionnaires hostiles.
La répression s’abat, les arrestations de communistes se multiplient, 40 000 cheminots sont licenciés, la fête du 1er mai est supprimée.
Après modification des règles électorales, les fascistes obtiennent la majorité absolue de la chambre aux élections de 1924, à l’issue d’une campagne durant laquelle ils sont financés par le patronat, et durant laquelle ils ont multiplié les agressions contre les autres listes.
Mais Mussolini n’a pas encore établi sa dictature de façon définitive, la Chambre rechigne à légaliser les pleins pouvoirs. L’assassinat par les fascistes de l’opposant le plus en vue, le socialiste Matteotti, provoque une levée de boucliers de toute l’opposition démocratique. Mussolini finit par désavouer publiquement ce meurtre, tout en permettant à l’armée de fournir 100 000 fusils à la Milice. Les bandes fascistes dévastent tous les locaux des opposants, même les plus modérés, et réclament la dictature fasciste ouverte.
Mussolini jette le masque le 3 janvier 1925, décide la saisie des journaux, la dissolution de 25 organisations « subversives », de 120 associations, les actes terroristes fascistes continuent. En Octobre 1925, les bourses du travail sont dissoutes, et les syndicats, qui ne sont pas encore supprimés, sont persécutés et paralysés par le monopole des organisations syndicales fascistes seules reconnues par les patrons.
Enfin entre 1925 et 1926 les lois appelées fascistissimes sont adoptées, qui suppriment toutes les libertés, le droit de grève, liquide les syndicats, instaurent une police politique qui arrête les dirigeants de gauche encore présents en Italie, et déchoit de leurs mandats les 123 députés de l’opposition.
Le processus de fascisation de remodelage de la société, de contrôle des esprits, d’enrégimentement des masses commence alors.
L’instauration de la dictature, si elle s’est appuyée sur les violences des chemises noires, a suivi formellement des voies tout a fait légales, et reçu pour arriver là, le soutien des forces bourgeoises italiennes.
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