Antisociale antiécologique et autoritaire… La ZFE c’est NON !
Depuis le 1er septembre, les véhicules les plus anciens sont interdits dans la zone de faible émission (ZFE), qui regroupe 13 communes de l’agglomération rouennaise, au nom de la loi LOM (Loi d’orientation des mobilités) et de la qualité de l’air.
Oui, il y a urgence sanitaire avec la pollution atmosphérique, responsable de 48000 morts évitables par an en France, 2600 en Normandie. Mais la loi LOM et la ZFE sont d’autant moins efficaces au niveau écologique qu’elles sont injustes sociale- ment !
La ZFE, ou comment faire payer la crise écologique et la pollution de l’air aux plus pauvres, ceux qui roulent beaucoup parce que le prix de l’immobilier les a rejeté loin des centre-villes et des lieux de travail, qui sont déjà les plus durement frappés par l’explosion des prix des carburants et du chauffage. Double peine, car ce sont eux les moins responsables de cette pollution. Ils n’utilisent pas de jet privé, ils n’ont pas refusé pendant des décennies les investissements de sécurité et de dépollution qui ont fait la catastrophe de Lubrizol.Triple peine, si le stationnement et la pollution sont repoussés vers les quartiers les plus pauvres, hors ZFE.
Malgré les aides pour changer de véhicule, le reste à charge est très lourd. Les plus pauvres, les précaires, les étudiant.e.s ne pourront pas changer de véhicule. Ils risquent d’être « exclus » de la ZFE, voire de perdre leur travail, car rien ne change en matière de transports en commun. L’absence de circulation la nuit exclut toujours celles et ceux «qui se lèvent tôt », les victimes du travail posté, ceux qui veulent se rendre la nuit aux urgences médicales. Les horaires, l’insuffisance de maillage et d’interconnexion rendent souvent les trajets longs et pénibles.
La ZFE est peu efficace sur le problème du CO2, donc du réchauffement climatique, alors que nous vivons une sécheresse et des feux de forêts historiques, quand d’autres pays comme le Pakistan sont sous les eaux ! Le bilan carbone de la des- truction d’un véhicule ancien, c’est autour de 5 tonnes équivalent Co2. La construction d’un véhicule neuf, souvent beaucoup plus lourd, type SUV ( 40% des ventes particuliers), c’est jusqu’à 12 tonnes équivalent CO2 ! Pour avoir un bilan carbone positif, il faut rouler… 300.000 kilomètres, plus que la durée de vie du véhicule !
Les transports représentent 30% des gaz à effet de serre. Pour s’en sortir au niveau CO2, réchauffement climatique et pol- lution, il faut sortir du tout voiture, du tout camion, du tout déplacement des marchandises pour le plus grand profit des plus riches. De la spéculation immobilière et du coût du logement qui éloignent toujours l’habitation du lieu de travail. Des hypermarchés qui tuent le commerce de proximité, et imposent la voiture pour faire les courses. De la disparition des services publics, de La Poste, de Pôle Emploi, des commerces de proximité, du médecin de quartier… qui nous forcent à de grands déplacements.
Nous voulons :
- L’élaboration collective d’un nouveau plan de déplacement juste socialement et écologiquement. Non à la ZFE.
- Le développement et des investissements massifs pour des transports en commun gratuits, et pas seulement le week- end et les jours de pollution ( tout un aveu), rapides, de qua- lité, accessibles facilement en distance et en fréquence, qui maillent tout le territoire et bien raccordés aux autres types de mobilités, marche à pied, vélo, bus, métro, voiture, train, ba- teau sur Seine… avec des parkings de rabattement gratuits aux entrées de la métropole.
- Cette nouvelle organisation transport doit être débattue, décidée et contrôlée par la population. Pour la financer, il faut
prendre l’argent là où il est : dans les coffres des banques et des patrons ! - Le développement de mobilités douces, notamment des pistes cyclables, la bascule du tout camion vers le ferroutage.
- La création d’un rail express métropolitain (de Buchy-Clères à Elbeuf, et d’Yvetot à Saint-Pierre-du-Vouvray, demandé par syndicats et associations.
- L’abandon du contournement auto-routier payant Est de Rouen ( A28-A13). Un million de tonnes de CO2 émises sur 30 ans et 500 hectares de terre artificialisées. Un investisse- ment pharaonique, inutile et dangereux pour le climat, qui se- rait plus utile pour basculer vers les transports gratuits et la conversion écologique du transport.
Non à l’écologie punitive, au faux choix entre « moins de pollution » et « moins de liberté » ! Ce n’est pas aux exploité.e.s de payer pour la pollution aux particules fines et le changement clima- tique. Ils.elles en sont les premières victimes. Les seuls responsables sont les constructeurs automobiles, l’industrie pétrolière, l’organisation capitaliste du logement, de l’énergie, et leurs complices au gouvernement.
Urgence sociale, climatique et sanitaire !
Fin du monde et fin du mois, même combat ! Changeons le système mais pas le climat !
C’est pour cela que nous sommes anticapitalistes, écosocialistes et communistes révolutionnaires
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